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Interview de Valérie KARSENTI

Interview

En deux ans et trois rôles majeurs, la télévision a offert une popularité nouvelle à cette authentique comédienne de théâtre. Quadragénaire épanouie, Valérie Karsenti profite pleinement de ce nouveau terrain de jeu. Et n’oublie pas tout ce qu’elle doit au théâtre.

Depuis deux ou trois ans, vous êtes particulièrement gâtée par la télévision: entre Scènes de ménages, Maison Close et Les Hommes de l’ombre, vous multipliez les succès…
En ce moment, j’ai beaucoup de chance, oui! C’est une période assez magique. Parce que, moi qui n’ai pas tourné pendant des années, je ne pensais plus que ça pourrait m’arriver. Je n’en souffrais pas parce que j’étais énormément gâtée au théâtre. J’adorais ça et j’y ai été très heureuse. Mais je ne faisais que ça. Ce que je vis depuis quatre ans est donc un peu une surprise.
D’autant plus qu’à force, j’avais développé une vraie peur de tourner. Quand je passais des castings, je me trouvais mauvaise. La plupart du temps, les projets ne m’intéressaient pas. Au fond, je pense que je n’avais pas réellement l’envie de tourner.

Quel a été le déclic?
Mon agent m’a beaucoup encouragée. Pendant des années, elle invitait beaucoup de gens de l’image à me voir au théâtre donc, finalement, je n’étais pas une totale inconnue pour eux. Et, en fait, dès que j’ai commencé à tourner, j’ai immédiatement adoré ça. J’ai d’abord fait quelques petits rôles au cinéma avant de décrocher le rôle de Lili dans Scènes de ménages. C’est de la comédie, qui fonctionne sur l’impulsion, la rapidité, le petit grain de folie. C’est un univers que je connaissais pour l’avoir pratiqué souvent au théâtre.
Puis, presque dans la foulée, j’ai été choisie pour Maison Close. Et j’ai senti que je n’avais plus peur, que l’envie était plus forte que tout.

Ce sont deux univers très différents…
Oui. D’ailleurs, pour Maison Close, je pensais être une erreur de casting… Je me disais “Bon ! Sur un malentendu…”. Plus sérieusement, ce personnage me paraissait tellement noir que je n’étais pas sûre d’avoir de quoi le nourrir. Mais en réalité j’ai puisé des choses très personnelles, je me suis servie de ce qu’il y avait de plus fragile en moi pour oser la noirceur d’Hortense et j’ai adoré jouer cette femme. Elle est passionnante parce qu’elle est complexe, violente et donne envie de savoir ce qui se dissimule derrière son armure.

C’est assez rare pour une comédienne de triompher coup sur coup dans trois registres aussi différents que ceux de Scènes de ménages, Maison Close et Les Hommes de l’ombre. Comment expliquez-vous cela?
C’est une chance absolue! Mais je suis persuadée que le théâtre y est pour beaucoup. J’y ai appris à faire un travail de composition, à m’effacer derrière un personnage. Cette façon de travailler est essentielle pour moi. Les années passées sur scène m’ont permis d’explorer une grande palette de jeu. Ce que je n’aurais probablement pas pu faire si j’avais commencé à tourner très jeune. A vingt ans, on est un peu prisonnier de son physique et de son emploi. C’est incontournable.
J’ai eu la chance de pouvoir apprendre mon métier au théâtre. De pouvoir passer d’un univers à un autre, de découvrir le plaisir de la composition. D’apprendre à oublier les questionnements liées à ma propre image. Pouvoir me libérer de cette inquiétude a été un apprentissage très important pour moi. Je comprends maintenant que ce qui m’effrayait dans le travail avec la caméra, c’est que j’étais regardée de trop près. J’ai longtemps gardé beaucoup de pudeur par rapport à ça, alors qu’au théâtre j’avais le sentiment d’être chez moi, j’étais à l’aise.

Avez-vous l’impression que le succès de ces séries vous a fait changer de statut?
De statut, je ne sais pas, mais ce qui est sûr, c’est qu’au théâtre, même si vous jouez dans des succès, les spectateurs ne vous reconnaissent pas. Les médias ne s’intéressent pas follement à vous non plus. La popularité, je la découvre avec la télévision, par chance, avec Scènes de ménages, les témoignages des gens sont toujours très chaleureux, mais je suis contente quand on me parle aussi d’autres rôles.

Pour en revenir à vos débuts, est-ce que vos aspirations initiales de comédienne étaient satisfaites dans cette période où vous ne jouiez qu’au théâtre?
Oui! Parce que j’ai découvert ce métier par le théâtre. Mon parcours est très classique: j’ai fait quelques cours avant d’entrer à l’Ecole de la rue Blanche. Quand j’en suis sortie, j’ai tout de suite été engagée au théâtre. Sur des choses intéressantes qui m’ont donné le goût de la scène. Et puis, je ne suis pas du sérail, donc je suis arrivée sans aucune idée préconçue sur ce milieu. Je n’y connaissais rien, ou presque. J’ai tout appris en le pratiquant. C’est en voyant le travail de certains artistes que j’ai découvert ce qui m’avait amené vers ce métier, bien après y avoir démarré.

 

 

Rappels magazine, avril 2012

 

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