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Interview de Robin RENUCCI

Interview

Tout en se tenant en marge du grand cirque médiatique, Robin Renucci est une personnalité qui compte. Acteur engagé, conscience politique, il tient l’art théâtral en très haute estime et il le défend partout: sur les planches, dans les écoles et désormais dans Rappels.

Vous êtes tombé dans le théâtre très jeune, comment cette passion s’est-elle déclenchée?
J’ai découvert le théâtre à l’école, par l’intermédiaire de deux clowns, Isotherme et Thermostat, venus faire une animation. A peine quelques semaines plus tard, avec mon cousin, on a reproduit tout le dispositif théâtral en pleine campagne avec quelques chaises et une tente plantée dans un champ. De la scénographie - rudimentaire évidemment - aux cartons d’invitation, on avait tout recréé… La passion du jeu est née dans l’école avant de s’épanouir dans la campagne.
Mais il y a probablement un autre antécédent: à la même époque, en Corse où je passais mes étés, un grand-oncle poète qui avait perdu la vue me faisait lui lire ses poèmes à haute voix. On allait même jusqu’à enregistrer ces lectures…

Vous citez là plusieurs des choses qui ont marqué votre parcours de comédien: votre goût pour les lectures, par exemple, votre engagement en faveur de l’enseignement théâtral, la place du théâtre dans l’école... Tout ça était présent d’emblée?
Je m’efforce petit à petit de reconstituer le puzzle qui a fait de moi un comédien. Ce n’est que rétrospectivement que j’ai pu saisir la cohérence de ces hasards. J’ai toujours eu le sentiment d’avancer sur un chemin sans savoir où il menait. J’ignore toujours quelle en est la destination, mais je sais d’où je viens. C’est essentiel.

Vous venez d’une famille modeste a priori très éloignée de l’univers du spectacle…
Il était impossible d’imaginer que je devienne acteur. Mon père gendarme venait d’une famille de paysans bourguignons et, du côté de ma mère, mon grand-père corse était forgeron. J’ai été élevé à Tonnerre, dans la gendarmerie de mon père. Un lieu assez sinistre, un monde totalement coupé de toute aspiration artistique. C’est probablement le contraste entre cette vie et le spectacle des deux clowns qui a produit sur moi un effet aussi puissant.

Aussi puissant soit-il, comment cet effet a-t-il ensuite évolué pour devenir une véritable vocation?
Il y a eu ensuite un autre élément décisif, encore plus improbable et miraculeux! Pour tuer le temps, ma mère était couturière. Les gens venaient à la maison pour lui confier leurs ourlets et un jour, par je ne sais quel hasard, le théâtre municipal d’Auxerre lui a envoyé ses acteurs pour retoucher leurs costumes. On a donc vu débarquer chez nous des extra-terrestres portant des vestes de peaux retournées... L’irruption de ces personnages fantastiques a été absolument fascinante pour le jeune ado que j’étais. Le théâtre est donc entré chez moi d’une façon providentielle. Tout ça a attisé ma flamme et voilà comment, un an plus tard, je me suis retrouvé à Vézelay pour mon premier stage de théâtre. Il y en a eu une dizaine d’autres ensuite. C’est d’ailleurs cette forme d’éveil au théâtre que je défends en Corse depuis 1998, avec l’association ARIA et les stages qu’on y propose.

Pour un jeune homme issu d’un milieu rural totalement étranger au monde théâtral, vous avez tout de même suivi une voie royale: l’école du TNS, le Conservatoire…
Je me suis contenté de suivre le chemin qui, petit à petit, s’ouvrait devant moi. Chaque nouvelle rencontre m’amenait un peu plus loin, dans un état d’émerveillement permanent. Après le TNS, j’ai pu rencontrer la formidable troupe de Jean Dasté, puis je suis entré au Conservatoire.
C’est curieux mais les choses sont toujours venues à moi. Pourtant, je me tiens en marge de ce milieu, je n’ai aucun rapport direct avec cette profession.  Je n’ai jamais joué le jeu des mondanités. J’en suis incapable. C’est presque comme un instinct de survie: dans toute chose, la part de remède voisine avec la part de poison, et disons que je me suis instinctivement détourné de la part empoisonnée du métier d’acteur. En fuyant toute cette farce mondaine, cette part tellement toxique.

Vous parlez de vos rencontres, il y en a eu beaucoup dans votre parcours. A commencer par votre formation, au Conservatoire, par exemple, où vous avez eu des professeurs mythiques…
J’étais tellement assoiffé d’apprendre que j’ai suivi tous les enseignements de tous les profs qui étaient au Conservatoire à l’époque. J’étais dans la classe de Jean-Paul Roussillon, en même temps que dans celle de Jean-Pierre Miquel. Mais je voulais absolument tout savoir. Je suivais aussi les cours de souffle de Jean-Pierre Aumont, j’allais chez Michel Bernardi, le prof de langage. J’ai ensuite eu comme profs Antoine Vitez et Marcel Bluwal. Tous ces univers étaient différents et singuliers mais je voulais tout ingurgiter! Absolument tout!
Quand j’étais élève là-bas, je sentais qu’un lien particulier me rattachait à cette maison: aujourd’hui j’y enseigne à mon tour! Je ne l’ai compris que plus tard, mais le souci de transmission est une notion essentielle de mon parcours.

 

 

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