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Interview de Gérard JUGNOT

Interview

Gérard Jugnot n’a pratiquement jamais quitté nos écrans depuis les grandes années du Splendid. Mais au théâtre, sa présence est plus rare. Son retour sur scène à Paris sera l’un des événements du début d’année 2013.

Vous êtes en pleine tournée, un peu partout en France, avec la nouvelle pièce de Francis Veber, Cher Trésor, qui arrivera à Paris en janvier au Théâtre des Nouveautés. Comment cela se passe-t-il ?
Formidablement ! Les salles sont pleines, les gens rient beaucoup. Et moi, je suis ravi de revenir au théâtre avec une comédie. Et plus encore, avec une comédie de troupe. La dernière fois que j’ai fait du théâtre, c’était avec la pièce de Philippe Claudel, Le Paquet. Un texte drôle mais assez sombre, que je jouais seul. Sur scène, je me régalais, mais je dois dire que, dès que le rideau tombait, c’était un peu dur ! Le théâtre est, pour moi, une aventure collective.
Et en l’occurrence, la pièce est véritablement écrite pour une troupe. Il y a évidemment mon personnage, Pignon, qui est présent pendant une heure et demie, mais tous les personnages, même les plus secondaires, existent vraiment. Ils ont tous une trajectoire, une scène forte, une réelle importance. Les gens apprécient beaucoup ça, je crois.

Pourquoi être parti en tournée avant de présenter la pièce à Paris ?  En général, c’est plutôt l’inverse…
C’est surtout pour des questions de dates. J’avais envie de faire une grosse tournée, mais je n’étais pas sûr que mon agenda me le permette ensuite. Je sais que certains vont “roder” un spectacle en province avant de conquérir Paris: moi, je trouve ça assez méprisant ! Comme si, au-delà du périphérique, on pouvait se permettre de présenter un spectacle qui ne serait pas au point ! Non, nous sommes partis avec un spectacle terminé. Ça me semble la moindre des choses !

On dit parfois que le public de province est moins dur, moins snob que le public parisien: est-ce que jouer en tournée avant n’est pas une façon de se mettre en confiance ?
C’est peut-être une manière de se rassurer un peu, oui. Mais c’est un mirage. Parce que 75% des gens qui vont au spectacle à Paris viennent de province. Et surtout parce que, si une pièce est mauvaise, elle ne marchera pas plus en province qu’à Paris. Mais, vous savez, moi je ne me pose pas ces questions: si je pouvais, je jouerais 300 fois en tournée et 30 fois à Paris. C’est bien plus rigolo d’arriver en camion dans une ville, comme des saltimbanques. Chaque jour, on change de salle, on change d’environnement, on change d’atmosphère, on change de public. C’est très marrant et ça maintient en éveil. En plus, les gens sont assez touchés qu’on vienne vers eux. C’est peut-être symbolique, mais ça me semble essentiel.

Les réactions sont-elles tellement différentes ?
C’est très net ! Le public ne réagit pas de la même manière selon qu’on joue dans une banlieue chic ou dans une banlieue populaire. Selon la configuration du théâtre, aussi. On a joué dans une espèce de gigantesque gymnase avec des chaises: en arrivant on s’est demandé comment on allait pouvoir faire, mais évidemment, ça a été un triomphe ! Alors que dans certaines salles plus bourgeoises, plus confortables, les gens ont plus de retenue…

Cette pièce parle d’argent, d’une certaine façon elle parle aussi de la crise…
Oui, elle parle de la folie actuelle autour de l’argent. Ce que j’aime beaucoup ici, c’est qu’il y a un sens très fort. C’est nouveau, par rapport à ce que j’ai déjà joué, et sans parler de ce qu’on écrivait à l’époque avec la bande du Splendid, qui était des pièces de dérision. Si on prend, par exemple, Espèces Menacées, c’était une sorte de vaudeville moderne qu’il fallait jouer avec une énergie folle. Il y avait plein de vannes et de conneries. C’était très drôle à jouer, mais ce sont des pièces où, si on s’arrête, on est mort: en dehors de la folie et du rythme, le fond n’était pas fondamental. J’adore jouer ça, mais là, Francis Veber parle de notre monde moderne, de la folie de l’hyper argent, de l’indécence et de la bêtise de l’argent en ces temps de crise… 

Ce n’est pas tout à fait la première fois que vous abordez l’univers de Francis Veber: au tout début de votre carrière, vous aviez tourné dans l’un de ses films…
Oui, dans Le Jouet. Mais c’était en 1975 et c’était un tout petit rôle, donc je n’avais pas vraiment eu l’occasion de le rencontrer. Depuis, bien sûr, comme tout le monde, j’ai appris à connaître son univers, mais c’est vraiment avec cette pièce que j’ai découvert Francis. C’est quelqu’un d’extrêmement précis. Ses pièces sont comme une sorte d’horlogerie très délicate. Chaque mot a été soigneusement pesé. Il n’est pas question de changer une réplique: s’il a passé deux ans sur un manuscrit, ce n’est pas pour rien ! C’est un orfèvre.

Même si l’univers et le traitement sont très différents, votre personnage a un lien de parenté avec celui du Paquet: un homme en crise qui s’invente une fortune. Avez-vous une prédilection pour les figures de marginaux ?
Pas particulièrement, non. En fait, je trouve ces deux personnages assez éloignés. La pièce de Claudel était très lourde, très grave. Alors que là, on est beaucoup plus proche de la mécanique du Placard: un homme se retrouve pris au piège de son propre mensonge.
Il y a des figures et des thèmes récurrents chez Veber: c’est plutôt de ce côté-là qu’il faut chercher. C’est un énième ersatz de François Pignon. Et ce qui est passionnant, c’est que Pignon change: il change d’interprète, bien sûr, mais il change de caractère aussi. Et pourtant, les gens sont en terrain connu.

 

 

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