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FAGADAU-MERCIER Stéphanie
Artistes & comédiens

Stéphanie FAGADAU-MERCIER 

Le Cas Stéphanie Fagadau La première fois que j’ai croisé son regard si singulier, c’était sur une photographie en noir et blanc que me désignait son père, Michel Fagadau : « Tu vois, là, c’est Stéphanie ». Cela faisait un certain temps... Lire plus

Le Cas Stéphanie Fagadau

La première fois que j’ai croisé son regard si singulier, c’était sur une photographie en noir et blanc que me désignait son père, Michel Fagadau :

« Tu vois, là, c’est Stéphanie ».

Cela faisait un certain temps qu’il dirigeait la Comédie des Champs Elysées, et cette année-là – nous étions en 2006 –, parce qu’il avait décidé de mettre en scène une de mes pièces, il m’arrivait souvent de venir le voir dans son bureau. Dans le couloir qui y menait, il avait fait encadrer des clichés des différents spectacles qu’il avait créés, comme pour contrecarrer cette loi propre au théâtre selon laquelle tout est éphémère et a vocation à disparaître. Il s’arrêtait volontiers devant ces réminiscences visuelles et les commentait avec plaisir. On pouvait ainsi entrevoir tout un fragment de l’histoire du théâtre, où des visages magiques défiaient le temps : Jean-Paul Roussillon, Geneviève Page, Michel Galabru ou Michael Lonsdale...

Sur cette photographie, donc, la jeune actrice qu’il me désignait portait une robe d’époque et faisait partie de la troupe de son père. Etait-ce pour Colombe, d’Anouilh ? Ou bien pour L’Education de Rita, de Willy Russet ? Je ne sais plus. En revanche, je sais qu’elle faisait partie, quelques années plus tard, de la distribution de Brooklyn Boy, de Donald Margulies. Il parlait avec fierté de sa fille et avait eu à cœur, très tôt, de l’associer à la vie de son théâtre – comme actrice, puis comme programmatrice. Sans doute espérait-il qu’elle reprendrait un jour la direction de ce lieu.

Dans son bureau, Michel Fagadau fumait un cigare et racontait sa vie, de Bucarest à Paris, en passant par Beyrouth et Londres. Lui aussi avait commencé par être acteur. Avant de devenir un metteur en scène reconnu. Après beaucoup de voyages, la Comédie des Champs Elysées était vraiment devenue son lieu. De rêveries, de promenades et de créations. Un nuage de fumée flottait toujours dans les couloirs du 15, avenue Montaigne. Mais il me semble qu’il était davantage metteur en scène que directeur de théâtre. Ou plutôt, qu’il n’était devenu directeur que pour jouir en tant que metteur en scène d’une liberté totale. Ses créations pouvaient ainsi lui ressembler : généreuses, émouvantes et ouvertes sur le reste du monde.

En héritant de ce théâtre, je crois que c’est d’abord de cet esprit de liberté que Stéphanie Fagadau a hérité. En huit ans, elle n’a programmé que des pièces qui avaient du sens pour elle et auxquelles elle croyait profondément. Elle propose au public ce qu’elle aime, elle. Et ce qu’elle aime, elle l’aime passionnément. Cela s’appelle le courage et la force de caractère. Plusieurs fois, je l’ai vu refuser des projets qui étaient faits pour le succès, mais qui manquaient à ses yeux de raisons d’être. Plusieurs fois, à l’inverse, je l’ai vu s’enthousiasmer pour un artiste et le défendre avec une inébranlable conviction. Ce fut le cas pour C’est Noël, tant pis, de Pierre Notte ou pour les premières créations d’Alexis Michalik. Ce fut aussi le cas pour deux de mes pièces, Le Père, puis Le Fils. Et je me dis aujourd’hui que ce n’est sans doute pas un hasard si elle a accueilli ces deux pièces qui, à leur façon, interrogent douloureusement la notion de filiation. Car on pressent, en la regardant, que la grande affaire de sa vie s’articule autour des questions de transmission et d’héritage. Et toutes les fois où je l’ai croisée avec ses enfants, je me suis surpris à imaginer – peut-être à tort – qu’elle rêvait secrètement qu’un jour, l’un d’entre eux reprendrait la Comédie des Champs Elysées…

Pour le moment, il est trop tôt, et ses enfants, avenue Montaigne, ce sont avant tout les acteurs. Elle s’en occupe avec attention et patience. Mais si elle a fait usage de cette liberté passionnée en tant que directrice, on supposait qu’elle finirait par le faire un jour en tant que metteur en scène – embrassant ainsi complètement l’héritage paternel. Elle a accompagné Jean Piat et Mylène Demongeon dans Love Letters en 2017. Faut-il être surpris qu’elle ait choisi, aujourd’hui, de mettre en scène Le Cas Eduard Einstein ? Je ne connais pas encore la pièce, mais je devine qu’elle tourne autour des notions qui lui sont chères. A sa façon, elle nous apprend qu’Albert avait un fils ; elle sera l’occasion éclatante de nous rappeler que Michel a une fille, dont, j’en suis certain, il serait très fier aujourd’hui.


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Résumé de la carrière - Stéphanie FAGADAU-MERCIER

Découvrez le résumé de l'activité théâtrale de l'artiste Stéphanie FAGADAU-MERCIER dans nos salles depuis son rôle dans Love Letters joué au Théâtre de la Comédie des Champs-Elysées à partir du 21/01/2017 :


Spectacles - Stéphanie FAGADAU-MERCIER

Le Cas Eduard Einstein, Théâtre de la Comédie des Champs-Elysées
Théâtre de la Comédie des Champs-Elysées Paris

Le Cas Eduard Einstein

5

de Laurent SEKSIK

« Le cas Eduard Einstein », pièce adaptée du best-seller de Laurent Seksik, raconte l’histoire véritable du fils fou d’Einstein, Eduard, atteint de schizophrénie. Sur fond de trame...
Love Letters, Théâtre de la Comédie des Champs-Elysées
Théâtre de la Comédie des Champs-Elysées Paris

Love Letters

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